Après le cyclisme, on continue notre série sur les « Sports d’origine française » avec l’escrime. Sport français le plus médaillé aux Jeux olympiques avec 118 médailles dont 42 en or, l’escrime trouve son origine au XVe siècle et l’apparition de la rapière, qui a ensuite évolué en épée de cour sous Louis XIV.
Origine
L’escrime existe depuis toujours, ou presque. Si l’on considère l’escrime comme l’art de manier les armes de poing, son histoire commence à l’aube de l’humanité. L’histoire de l’escrime peut être partagée en deux étapes : la première est la marque d’un glissement progressif de l’activité guerrière vers une forme d’art martial où le beau geste et l’élégance morale l’emportent ; la deuxième est un nouveau glissement entre l’art martial et la pratique sportive contemporaine.
En France, la codification de l’escrime, la définition de ses termes et l’organisation d’une pédagogie de l’escrime a été réalisée par l’école française d’escrime (créée en 1567) au cours du XVIIe siècle. L’absence de masque de protection à treillis métallique conduit à l’élaboration de la phrase d’armes, à savoir l’enchaînement des actions offensives, défensives et contre-offensives réalisées lors d’un assaut.
« Donner et ne point recevoir »
Molière et sa définition de l’escrime
Les premiers à mettre de l’ordre dans les principes de l’escrime sont les maitres italiens mais l’école française surclasse l’école italienne et publiera toutes sortes de traités sur la technique : dégagements, parades, bottes ou ripostes (XVIIe et XVIIIe siècles). L’ouvrage le plus complet paraît en 1766 : « le traité de l’art des armes » de Guillaume Danet ; il est considéré comme le départ de la théorie de l’escrime française moderne.
Après Danet, de nombreux maîtres de talent établiront de façon définitive tout au long du XIXe siècle les principes théoriques de l’escrime tels que nous les connaissons encore aujourd’hui.
L’escrime opère sa mutation vers le sport à la fin du XIX siècle. En 1870, des matinées d’escrime sont organisées à l’Elysée. C’est également l’époque des défis entre maîtres italiens et maîtres français, des matches de gala qui remplissent théâtres ou stades. C’est l’époque de Lucien Gaudin, le Français, contre Gaudini, l’italien. En France, le premier tournoi se déroule le 15 janvier 1893 ; il s’agit d’une compétition entre amateurs de plus de vingt ans organisée par la société d’encouragement à l’escrime.
Née de la rencontre entre la Société d’encouragement de l’escrime, fondée en 1882, et les initiatives de l’USFSA, la Fédération française d’escrime a été créée en 1906, sous l’appellation originelle de Fédération des salles d’armes et sociétés d’escrime de France. Elle dirige encore à ce jour l’organisation de la discipline en France.
L’escrime, nouveau sport olympique
Les règles actuelles de l’escrime n’ont été définitivement fixées que très tardivement. Il a fallu que soit créée la Fédération Internationale d’Escrime (FIE) pour que les règles soient enfin acceptées par tous les pays. En juin 1914, la FIE réunie en commission à Paris rédige les règlements des trois armes mettant fin à quinze ans de polémiques couronnées par le boycott de la France des épreuves d’escrime aux Jeux Olympiques de Stockholm en 1912.
Sport olympique depuis les premiers JO de 1896 à Athènes, la discipline proposait uniquement deux épreuves : Le fleuret et le sabre masculin. L’épée masculine le devient en 1900.
Quatre pays et treize escrimeurs participent aux épreuves de fleuret et de sabre individuels en 1896. Quatre ans plus tard, les jeux de Paris rassemblent 156 escrimeurs appartenant à sept nations mais 141 participants sont des Français…
Les épreuves d’escrime s’ouvrent aux femmes lors des Jeux olympiques d’été de 1924 à Paris, soit plus tôt que d’autres disciplines du sport féminin, mais 28 ans après l’escrime masculine. Seul le fleuret individuel est au programme pour les femmes. Une seconde épreuve de fleuret, cette fois par équipes, est ajoutée aux Jeux olympiques d’été de 1960 à Rome. L’épée est inscrite aux Jeux olympiques d’été de 1996 à Atlanta, où la Française Laura Flessel s’impose à la fois en individuel et par équipes. Le sabre est, quant à lui, intégré aux Jeux olympiques d’été de 2004 à Athènes, mais seulement pour une compétition individuelle. Il faut attendre les Jeux olympiques d’été de 2008 à Pékin pour que les trois armes fassent l’objet d’une épreuve féminine par équipes, situation qui prévaut dès les Jeux de 1920 chez les hommes.
L’escrime, un sport majeur pour la France
Plus gros pourvoyeur de médailles olympique pour la France, l’escrime fait partie des rares sports où le français est la langue officielle. Chaque pays utilise sa langue pour les compétitions nationales, mais le français est obligatoire pour l’arbitrage dans les compétitions internationales avec le célèbre « En garde ! Êtes-vous prêts ? Allez ! Halte ! ».
- 119 médailles aux JO : 42 en or, 41 en argent et 36 en bronze
- 59.712 licenciés (2017)
- 793 clubs d’escrime en France
- Des très grands champions : Lucien Gaudin, Christian d’Oriola, Georges de la Falaise, Jean-François Lamour, Eric Srecki, Laura Flessel ou encore Brice Guyart
Retrouvez notre premier article de la série « Sports d’origine française » sur l’histoire du cyclisme ici.