Les Barbarians Français et les Fidji ont mis le feu à Lille !

Les Barbarians Français affrontaient ce week-end l’équipe des Îles Fidji. À moins d’un an de la Coupe du Monde 2023 en France, tout était réuni pour passer une grande semaine de rugby à Lille, et les joueurs ont su assurer le spectacle !

Les Barbarians français, une histoire à part

Tout commence en 1977, lorsqu’un groupe d’amis décide de s’inspirer des Barbarians Britanniques, un club de rugby à 15 au sein duquel on ne peut rentrer que sur invitation. Le principe est simple : prôner le beau jeu, et se faire plaisir. Si les Britanniques ont adopté ce concept en 1890, les Français, eux, le reprennent plus tardivement.

C’est donc sous l’égide de Jean-Pierre Rives et de Jacques Fouroux que les Barbarians français naissent, avec la volonté d’en faire un club mythique et atypique, à l’instar de ce qui était en place Outre-Manche. Avec une philosophie bien définie ! En effet, les valeurs sont fondamentales dans l’existence de ce club si particulier. Être un Barbarian, c’est être totalement passionné par le rugby et retrouver cet amour du jeu, sans pression sportive, économique ou médiatique.

« Au-delà de l’idée, les Barbarians sont une philosophie, un esprit. Rien d’autre qu’un esprit. Ils protègent un espace de liberté, de fraternité. Être Baa-Baas, c’est une façon d’être, de se comporter. On respecte un certain code de vie »

Jean-Pierre Rives

Composé uniquement de joueurs évoluant dans le championnat français, le club a attiré de nombreuses légendes de son sport : Fabien Pelous, Thierry Dusautoir, Serge Blanco, Fabien Galthié, Christophe Dominici, Vincent Clerc, Serge Betsen, Emile Ntamack, Philippe Sella

Après 35 ans d’existence, le BRB a permis à un très grand nombre de jeunes tricolores de s’aguerrir avant d’aller en équipe de France A (c’est le cas d’Antoine Dupont par exemple). Signe de sa diversité, le club impose d’ailleurs un code vestimentaire assez atypique. En l’occurence, les joueurs ont obligation de porter la tenue de la sélection des Barbarians, mais surtout, les chaussettes de leurs clubs respectifs !

Une répétition générale avant la coupe du monde

Face à une équipe en pleine préparation pour la coupe du monde 2023 – qui se déroulera en France -, l’occasion était belle pour répéter une dernière fois les manœuvres avant le tournoi. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’organisation avait décidé de mettre les petits plats dans les grands.

Cette rencontre était également un moyen de faire connaître davantage le rugby dans un territoire n’abritant aucun club professionnel. En effet, aucun club de Top 14 ou de Pro D2 ne se trouve au-delà de Paris. Pour les Nordistes, il faut descendre dans les échelons inférieurs pour voir du rugby, avec notamment l’Olympique Marcquois Rugby (Nationale 2). La seule satisfaction réside dans le rugby féminin, avec la présence du Stade Villeneuvois en Élite 1 Féminine.

Tout était donc mis en oeuvre pour en mettre plein les yeux, dans les conditions réelles d’un match du mondial. À commencer par la livraison du ballon du match, qui ne s’est absolument pas faite comme à l’accoutumée. En effet, c’est le RAID qui a apporté l’ovale en rappel, directement depuis le toit du stade !

Barbarians français – Fidji : un match de gala, sur le papier

Les « Baa-Baas », comme l’on se plaît à les surnommer, ne s’étaient plus réunis depuis juillet 2022. Ils s’étaient à l’époque inclinés à Houston face à la sélection des États-Unis (26-21). Leur dernière victoire remontait en revanche à novembre 2021. Après deux années blanches à cause de la Covid-19, les Barbarians français avaient pris ce jour-là l’avantage sur les Tonga à Lyon, sur la pelouse du mythique stade Gerland (42-17).

De leur côté, les Fidji sortaient de deux défaites consécutives lors des tests matchs d’automne. Après avoir été défaits par l’Écosse (28-12) puis par l’Irlande (35-17), les hommes de Vern Cotter se devaient absolument de rebondir et de parfaire leurs automatismes pour ce dernier match de leur tournée.

Les deux équipes ont assuré le spectacle

Malgré leur domination, les Barbarians entamaient le match en se faisant nettement dominer par une équipe fidjienne rapide et efficace. Il fallait tout de même attendre quinze minutes pour voir un premier essai, qui était inscrit par le capitaine des Fidji en personne, Waisea Nayacalevu. Mais les Baa-baas restaient dans le match et inscrivaient un essai cinq minutes plus tard par l’intermédiaire d’Alexandre Roumat. Coup sur coup, les deux équipes se rendaient la pareille, mais la puissance et l’audace des joueurs fidjiens sur des actions fulgurantes leur permettaient de rentrer au vestiaire avec un large avantage à la pause (7-26).

La deuxième mi-temps était un peu plus équilibrée, et les Barbarians réussissaient même à réduire le score dès le retour des vestiaires (44′ : 14-26). Malgré tout, les Fidjiens reprenaient très vite le contrôle du match. À l’heure de jeu, ils inscrivaient 3 essais en moins de 5 minutes, dont un refusé. À la 66e, le score était sans appel : 14-41. Et les choses ne s’arrangeaient pas. Après ces trois coups de massue, Pierre Popelin était contraint de laisser ses coéquipiers à 14 contre 15. Les Fidji aggravaient une nouvelle fois le score à la 83e d’un essai splendide de Vinaya Habosi, qui remontait le terrain pour attraper le ballon en plongeant, laissant le stade Pierre-Mauroy sur cette note de stupéfaction. Le match se terminait sur le score de 46 à 14 en faveur des Fidji.

Une défaite cruelle, mais logique selon les mots du capitaine d’une semaine, Maxime Machenaud juste après le match. « En face, il y avait certains des meilleurs joueurs de notre championnat. Peu importe le club dans lequel ils jouent, ils sont toujours les facteurs X de leurs équipes respectives. Ils créent les différences, et ça s’est vu aujourd’hui. On a été en difficulté dans les duels, mais on a voulu respecter l’esprit des Baa-Baas. On a porté le ballon et on a essayé de créer du jeu, même si on a eu peu d’occupation. »

Une semaine de beau jeu donc, et une ambiance que seules les valeurs de l’ovalie peuvent offrir. Les Barbarians français n’ont pas failli à leur réputation et ont offert du spectacle aux 18 762 personnes qui s’étaient déplacées pour les voir. De bon augure avant les cinq matchs qui attendent la Décathlon Arena dans moins d’un an désormais.

Crédit photo : Aglaé Courtial