Richard Jouve

29.12.2019, Lenzerheide, Switzerland (SUI): Richard Jouve (FRA) - FIS world cup cross-country, tour de ski, individual sprint, Lenzerheide (SUI). © Modica/NordicFocus.

ITW le Sport et Moi – Richard Jouve (Team Salomon)

Fondeur spécialiste dans la discipline du sprint, médaillé de bronze au Jeux Olympiques 2018 et aux Championnats du Monde 2019, présent sur 3 podiums individuels en coupe du monde, Richard Jouve nous a fait l’honneur de répondre à l’interview le Sport et Moi.

 

1. Pour commencer, pourrais-tu te présenter brièvement ?

Richard Jouve, membre de l’équipe de France de Ski de fond, spécialiste du sprint, licencié au club et à la station de Montgenèvre dans le briançonnais et membre de l’armée de champions. Je suis militaire et fais partie du Team Salomon mais également du Team FDJ sport factory.

 

2. Pourquoi avoir choisi ce sport et pas un autre ?

J’ai pratiqué plein de sports différents comme le ski alpin, le vélo, le judo ou encore la natation mais le ski de fond m’est venu assez naturellement. Forcément, en habitant à la montage on privilégie plutôt le ski. J’ai commencé mes premières années en alpin pendant 7 ans comme mes 3 grandes soeurs qui le pratiquaient puis j’ai basculé vers le ski de fond en 5e.

Je prenais plus de plaisir à me défouler sur le fond que sur le ski alpin où il y a beaucoup de pauses. Avec un tempérament très speed et avec beaucoup d’énergie, je trouvais ça un peu long. Au final, plus j’ai grandi et plus le fond m’a attiré.

 

3. Justement, si tu avais dû choisir un autre sport, ce serait lequel ?

Il y a plein de sports qui m’attirent encore maintenant. J’aurais bien aimé faire de l’athlétisme, du pilotage Auto ou Moto ou du ski alpin bien sûr. D’ailleurs le choix a été assez dur à faire avec le ski fond mais ce dernier est vraiment ma passion et je n’imagine pas passer sur un autre sport. La chance que l’on a quand on pratique le ski de fond, c’est que l’on a la possibilité de faire plein d’autres sports. Hormis le ski à roulettes qui est particulier, nous faisons du vélo, de la course à pied, des sports d’endurance, on touche à tout.

 

4. Quel est ton premier souvenir de sport ?

Mon premier souvenir lié au sport, c’est lors d’une manche de Coupe du monde pas très loin d’ici en Italie, j’avais eu un autographe de Bode Miller sur une veste, suite à ça, je l’ai porté pendant des semaines. En revanche, j’ai un regret sportif, c’est de ne pas avoir pu voir courir Usain Bolt.

Mes premiers souvenirs de sport, c’est en ski alpin avec le club de Montgenèvre qui m’a permis de rencontrer mes copains/copines d’enfance. C’est aussi les premières fois que je pratiquais le sport en compétition.

 

5. Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs liés à ta carrière sportive ?

Mon meilleur est assez simple mais j’en citerai 2.

La médaille de Bronze avec Maurice Manificat aux Jeux Olympiques 2018 à Pyeongchang. Lorsque je passe la ligne on réalise que nous sommes médaillés, un moment très fort. Lorsque tu cours seul, la médaille est belle et c’est une satisfaction personnelle. L’avoir avec Maurice sur le Team Sprint c’est un résultat collectif qui récompense toute une équipe. On ne le voit pas mais il y a beaucoup de gens qui gravitent autour. C’est un moment particulier, une première médaille aux jeux avec quelqu’un qui en avait déjà eu, c’était assez fort.

Mon deuxième, en Mars 2019 lors de la Coupe du monde, mon podium en classique à Drammen en Norvège qui est le temple du ski de fond, c’était incroyable.

Mon pire souvenir et qui est le moment le plus dur de ma carrière, c’est quand je me blesse au pied en 2017. C’est un moment compliqué de ma carrière car j’avais toujours mal lors des entraînement ou en compétition. Je me suis donc fait opérer du pied après les jeux, en Avril 2018 et j’avais encore quelques douleurs en 2019.

 

6. Si tu devais être un/e autre sportif/ve sportif tricolore, qui choisirais-tu et pourquoi ?

J’aimerais être Martin Fourcade pour avoir ses titres et la longévité de sa carrière. Il est resté au très haut niveau tout au long de sa carrière et chaque fois qu’il a pris un départ c’était toujours pour gagner. Il arrête sur une très belle victoire mais s’il avait continué jusqu’à Pékin il en aurait gagné d’autres. Finir sur une victoire c’est assez exceptionnel.

 

7. Justement, plus jeune, qui était ton idole, ton exemple ?

Je n’en ai jamais trop trop eu. J’avoue m’être intéressé à la compétition mais pas aux athlètes, enfant je n’avais trop de repères comme ça. Dans le ski de fond, il y avait Vincent Vittoz, multiple médaillé en Coupe du Monde et Champion du Monde, qui est une idole quand on est petit fondeur. Vincent c’est plus une référence qu’une idole qui reste d’actualité car il est toujours dans le monde du ski. C’est quelqu’un avec qui on peut avoir des échanges. On se souvient de lui car il a été Champion du Monde.

 

8. De quel/le sportif/ve tricolore es-tu le plus proche ? Une anecdote sur lui ?

Je suis proche de beaucoup de sportifs, c’est le monde du sport qui veut ça. J’ai grandi en confrontation avec Lucas Chanavat. C’est une personne avec qui je suis souvent en stage ou en entraînement, on partage beaucoup de temps ensemble. C’est une confrontation saine et on essaye de se pousser au maximum pour progresser constamment. On a un super groupe avec l’Équipe de France de sprint, on s’entend tous, on vit très bien en communauté. L’Équipe de France en ski de fond est une grande famille, qui se connaît bien et on sait qu’il faut ça pour que ça marche. La bonne entente engendre de bons résultats.

Une anecdote, lors d’un stage en cadet au centre d’entraînement de Prémanon. Lucas c’est quelqu’un qui mange toujours beaucoup et il mangeait énormément, il finissait tout les plats de chaque table. On en avait déjà redemandé plein de fois il avait tout fini et limite il avait encore faim.

 

9. Par équité, peux-tu nous livrer une anecdote personnelle, méconnue du grand public ?

Le plus simple serait de demander à quelqu’un d’autre que moi mais je me rappelle d’un stage fait avec l’équipe de France de sprint, qui s’appelait le “Tournez Manège”. Chaque personne de l’équipe habitait à un endroit différent, dans le Vercors, à Chambéry… Tous les jours on devait relier les différents sites pour aller d’un endroit à un autre. On devait enchainer le ski, le vélo et le ski roue. Cyril Burdet que je connaissais peu était très dur avec nous, nous devions manger en 15 minutes et il avait un rôle de “salaud”. Je me rappelle un coup qu’il nous a fait au quatrième jour. On repart en vélo et on s’arrête pour je ne sais plus quelle raison. A ce moment là, il nous passe un savon que l’on ne méritait pas, je me rappelle l’avoir maudit en repartant sur le vélo, ce fut une journée difficile où je me suis demandé ce que je faisais là.

 

10. Pour finir, que pouvons-nous te souhaiter pour l’avenir ?

Vous pouvez me souhaiter des podiums, une réussite sportive, la santé et des médailles d’or aux JO de Pékin en 2022. Avant il y aura les Championnats du Monde Oberstdorf en Allemagne  en 2021, ce sera une grosse étape de préparation pour les jeux.

 

Question bonus :  Quelle serait pour toi la plus belle victoire ? 

Une victoire au Jeux Olympiques de Pékin sinon en Coupe du monde, ce serait Drammen en Norvège, là où j’ai eu ma médaille de bronze. C’est une petite ville mais c’est le temple du ski, on est là où il y a les connaisseurs, il y a une grosse ambiance avec du sprint en ville et un public qui est proche, c’est super agréable.