Marie Patouillet

ITW le sport et moi – Marie Patouillet

Double médaillée de bronze aux Jeux Paralympiques de Tokyo et tout juste auréolée de 2 titres en poursuite individuelle et en Omnium (avec au passage le record du monde du 200m) aux championnats de France de paracyclisme à Bourges les 7 et 8 février, Marie Patouillet nous a fait le grand plaisir de répondre aux questions, le Sport et Moi de Sportricolore.

1.  Pour commencer, pourrais-tu te présenter brièvement ? 

Je m’appelle Marie Patouillet, j’ai 33 ans, je suis athlète de haut niveau en cyclisme sur piste et cyclisme sur route mais aussi médecin généraliste. 

2.  Pourquoi avoir choisi ce sport et pas un autre ?

C’est un choix par défaut et assez restreint car je ne pouvais faire que du vélo ou de la natation. J’ai choisi le vélo pour la notion de vitesse et de liberté que ça procure mais aussi parce c’était plus facile à gérer en termes de compatibilité d’horaires avec mes activités. Jusqu’à mes 25 ans, je faisais beaucoup de sport avec pas mal de course à pied puis j’ai appris que je ne pourrais plus courir. En 2017, je me suis inscrite à “L’étape du Tour” entre Briançon et Izoard (181 kms), c’était une manière de faire mon deuil de la course à pied. Lorsque j’ai acheté mon vélo, j’ai expliqué les raisons de mon achat au vendeur, il n’y croyait pas. Sans préparation mais grâce à une assez bonne condition physique, j’ai terminé l’étape en 9h, juste devant la voiture balai en sautant 2 ou 3 ravitaillements pour ne pas me faire dépasser.

3.  Justement, si tu avais dû choisir un autre sport, ce serait lequel ?

J’en ai jamais choisi un en particulier car je savais qu’allait arriver le moment où je ne pourrais plus en pratiquer certains. Pour cette raison, j’ai essayé tous les sports que j’avais envie de faire, que ce soit la course à pied, le rugby, le foot ou le ski, l’important était de pouvoir en découvrir un maximum afin de ne pas avoir de regrets. Récemment, j’ai pu skier à nouveau à l’aide d’un exosquelette, en compagnie d’Ophélie David (Championne du monde de Skicross et quadruple vainqueur des winters XGames), j’ai ressenti énormément d’émotion, comme quoi tout est possible.

4.  Quel est ton premier souvenir de sport ?

J’étais vraiment petite et je me souviens qu’en août il y avait toujours des compétitions d’athlétisme. J’ai un souvenir de championnats d’Europe avec Marie-José Pérec et Stéphane Diagana (sans doute en 1994 à Helsinki). Ce championnat m’avait marqué par leurs performances et je voulais faire la même chose lorsque je courais sur la plage au Pays Basque. À aucun moment, je n’aurais pensé que je pourrais faire un jour les jeux olympiques et paralympiques.

Mon premier souvenir en tant que pratiquante, c’est lorsque je jouais au foot à la récré, j’adorais le collectif et gagner. J’aime les sports collectifs, malheureusement il n’y a pas de possibilité de course en équipe dans ma discipline et il est clair que ça me pèse. Je compense dans mon quotidien en travaillant avec un staff de manière pluridisciplinaire, j’en profite pour les nommer car c’est une équipe au top (Grégory Baugé / Mégane Perez / Anne-Laure Morigny / Enguerrand Aucher / Nicolas Prevost / Valentin Lacroix de l’INSEP).

5.  Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs liés à ta carrière sportive ?

J’ai beaucoup de très bons souvenirs, notamment aux Jeux Olympiques où ça a été très fort émotionnellement. De manière étonnante, c’est ma 4e place sur 500M et ce chrono pour moi incroyable qui est le plus fort au niveau des sensations sur le vélo. C’est dommage, on a tendance à ne se focaliser que sur les médailles mais il y a aussi de belles performances qui mériteraient d’être un peu plus mises en lumières.

Mon pire c’est lorsque la nouvelle d’une possible annulation des jeux est tombée mais je garde aussi en tête un assez mauvais souvenir quelques jours après ma première médaille de bronze à Tokyo. Je ne rentrerai pas dans les détails mais alors que nous sommes dans un moment d’euphorie, je vis une certaine déception lorsque je prends une remarque sexiste et contraire aux valeurs du sport. Paradoxalement, on peut dire que les JOP c’est à la fois mes meilleurs et mes pires souvenirs. Malgré tout, ça renforce mon envie de combattre toute forme de discrimination.

https://twitter.com/franceinfoplus/status/1430435943102750720

6.  Si tu devais être un/e autre sportif/ve sportif tricolore, qui choisirais-tu et pourquoi ?

Il y a beaucoup de sportifs et sportives qui m’inspirent mais je me sens très bien dans mes baskets.

7.  Justement, plus jeune, qui était ton idole, ton exemple ?

Marie-José Pérec qui est 3 fois championne Olympique et qui dégage une aura incroyable. Quand je la croise, je me sens toute petite à côté.

8.  De quel/le sportif/ve tricolore es-tu le plus proche ? Une anecdote sur elle/lui ?

Grégory Baugé, ça fait un peu plus de 3 ans qu’il m’entraîne et la rencontre avec lui a été le catalyseur de mes performances. Sans lui je ne sais pas comment j’aurais pu avoir le niveau pour aller aux Jeux olympiques. C’est la personne qui a mis au premier plan mon plaisir sportif avant le sujet de ma malformation. Il ne m’a pas mis dans une case et m’a laissé m’exprimer sur le vélo, pour toutes ces raisons… je ne dirai rien.

9.  Par équité, peux-tu nous livrer une anecdote personnelle ?

Je lui montre aussi que tout est possible et lorsque l’on se remet en question, on arrive à plein de choses. Le bon exemple c’est mon chrono sur le 500m cet été, personne n’y croyait (sauf lui). Ce que je peux dire c’est que même encore aujourd’hui je ne peux pas porter ses cuissards de cadet.

10.  Pour finir, que pouvons-nous te souhaiter pour l’avenir ?

De continuer à prendre du plaisir sur le vélo car c’est bien ça l’essentiel et d’aller chercher les plus belles performances aux championnats du Monde sur route qui se dérouleront mi-août au Canada, ainsi qu’aux Championnats du Monde sur piste en Octobre à St Quentin en Yvelines.

Quel est le programme jusqu’à Paris 2024 ?

C’est mon objectif principal. Il va y avoir un gros travail de fond et plus on va s’en approcher, plus on peaufinera sur du travail spécifique. 

Quelques dates :

  • Date de naissance : 7 Août 1988
  • Championne de France de poursuite 2022 (C5)
  • Championne de France de l’Omnium 2022 (C5)
  • Février 2022 record du monde du 200m en 11″684 lors de l’omnium
  • Septembre 2021 : Chevalier de l’Ordre National du Mérite
  • JO de Tokyo 2020 : Médaille de bronze de la poursuite C5
  • JO de Tokyo 2020 : Médaille de bronze épreuve sur route C5
  • Championnats du monde de paracyclisme sur piste 2020 : Médaille d’argent en 500 m arrêté C5
  • Championnats du monde de paracyclisme sur piste 2020 : Médaille d’argent en omnium C5
  • Championnat du monde paracyclisme 2019 Médaille de bronze en 500 m arrêté C5