Coraline Bergeron

Crédit photo : @alanspink1743

ITW le sport et moi – Coraline Bergeron

La double Championne de France de ParaBadminton Coraline Bergeron, nous a fait le plaisir de répondre à l’interview Sportricolore « Le sport et moi ». À force de volonté et d’abnégation, cette jeune athlète de haut niveau s’est très rapidement placée au plus haut niveau national et dans les meilleures joueuses mondiales.

1. Pour commencer, pourrais-tu te présenter brièvement ?

Je m’appelle Coraline Bergeron, j’ai 23 ans, ma catégorie est SL3 (je suis amputée fémoral). Je suis licenciée au club de badminton de Saintes et membre de l’équipe de France relève.

2. Pourquoi avoir choisi ce sport et pas un autre ?

J’ai commencé le badminton quand j’étais valide, j’en ai fait 8 ans. Je me suis inscrite au collège en UNSS en 6ème à 12/13 ans, j’ai fait quelques compétitions, ça m’a plu et j’ai voulu m’inscrire dans un club lorsque j’étais en 4ème. Au final, j’ai totalement accroché à ce sport qui est devenu ma passion et j’ai continué malgré le handicap. C’est un sport très physique qui amène au dépassement de soi, il permet de se défouler. Lorsque je faisais des compétitions, j’aimais bien cette possibilité de taper fort pour envoyer le volant au fond du terrain.

3. Justement, si tu avais dû choisir un autre sport, ce serait lequel ?

L’haltérophilie et la musculation, c’est quelque chose que je pratique beaucoup à côté du Badminton et que j’apprécie. Actuellement, mon programme est basé sur la force des membres inférieurs et l’explosivité sur le haut du corps. J’aime travailler sur le développement de puissance physique. Le manque de force et d’endurance de ma jambe valide m’a joué des tours lors de mon ¼ de finale en Thaïlande. C’était un match très intense qui a duré 45 minutes et je ne poussais plus sur ma jambe valide. A cause de ça, la demi-finale m’est passée sous le nez.

4. Quel est ton premier souvenir de sport ?

Le sport a pris une place plus importante que très récemment. Auparavant je le faisais pour m’entrainer et avoir une bonne hygiène de vie mais ces dernières années ça prend de l’ampleur du coup je m’y intéresse beaucoup plus.

Mon premier souvenir personnel, c’est ma première compétition en UNSS, lorsque j’étais en 6e, j’avais fait une médaille de Bronze.

5. Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs liés à ta carrière sportive ?

Le meilleur, c’est ma première compétition internationale en 2018 en Thaïlande. Même si je n’avais pas fait de résultat, c’est la découverte du haut niveau en tant que sportive, voir comment ça se passe, c’était un mélange de beaucoup d’émotions, c’était très intéressant.

C’est le 1er voyage assez loin avec la fierté de représenter la France, d’avoir son nom et son pays inscrit dans le dos.

Le pire, c’est ma défaite en finale des Championnats d’Europe en Novembre 2018. C’était ma première finale et j’étais tellement tendue que le stress a pris le dessus sur moi. Je n’ai pas su montrer de quoi j’étais capable, j’ai mal joué alors que je pouvais faire bien mieux.

6. Si tu devais être un/e autre sportif/ve sportif tricolore, qui choisirais-tu et pourquoi ?

Ce serait Marie-Amélie Le Fur parce ce qu’elle a une force et un mental incroyable. Elle a plusieurs olympiades à son actif et un palmarès que l’on rêve tous d’avoir. Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de la rencontrer.

7. Justement, plus jeune, qui était ton idole, ton exemple ?

Il y a quelqu’un qui m’inspire énormément, c’est Philippe Croizon (athlète-aventurier). Il a fait énormément de choses, la traversée de la Manche à la nage et le Dakar par exemple. De par sa notoriété, je trouve très beau ce qu’il fait pour changer le regard des gens sur le handicap. Il est le premier à rigoler de son handicap et heureusement car si on n’accepte pas son handicap, pour vivre c’est compliqué. Je préfère voir le positif et en rire que de me morfondre.

8. De quel/le sportif/ve tricolore es-tu le plus proche ? Une anecdote sur lui / elle ?

Je suis très proche de Véronique Braud (badiste), ma binôme qui est aussi membre du collectif France ParaBadminton. Elle est vice-championne de France, on a fait médaille d’argent aux Championnats de France double dame 2020 et une médaille de bronze au tournoi international au Pérou. Je donnerai plutôt une anecdote sur son état d’esprit. C’est quelqu’un qui a un esprit très ouvert, elle a toujours le sourire, toujours en train de rigoler, c’est un rayon de soleil.

9. Par équité, peux-tu nous livrer une anecdote personnelle, méconnue du grand public ?

Ce n’est pas une anecdote mais un trait de caractère. Je peux avoir un très fort caractère et un gros mental pourtant j’accuse un gros manque de confiance en moi. Par exemple, lors de la finale des championnats d’Europe, ce manque de confiance m’a provoqué beaucoup de stress que je n’ai pas réussi à gérer. Avec l’expérience, ça va mieux aujourd’hui mais au début c’était très compliqué.

10. Pour finir, que pouvons-nous te souhaiter pour l’avenir ?

On peut me souhaiter une médaille aux Jeux de Paris 2024. Pour moi, faire une médaille ce serait prendre ma  revanche sur ce qui m’est arrivé. 

Vous pouvez également me souhaiter d’intégrer le top 5 mondial en simple, actuellement je suis 6ème et pas très loin de mon objectif. Je ne serai pas à Tokyo en 2021 car il n’y a malheureusement pas ma catégorie en simple. 

Mon objectif reste Paris car ça me laisse le temps de me préparer mentalement et physiquement pour cette échéance.

Ça ne fait que 3 ans que je pratique le ParaBadminton et lorsque je suis arrivée en Thaïlande, ça faisait à peine un an que j’avais été amputée, généralement il faut 2 ans pour la cicatrisation.

C’était primordial pour moi de reprendre le sport. Depuis que je suis dans le ParaBadminton, je me rends compte que je peux faire des choses incroyables.

Question bonus : Avec qui rêverais-tu de jouer en un double ?

Ce serait un énorme privilège de jouer avec Brice Leverdez (n° 1 français) ou Kento Momota (Japon – n°1 mondial actuellement), que l’on peut considérer comme les rois du Badminton.

C’est important de dire à toutes les personnes en situation de handicap qu’il ne faut jamais baisser les bras. Il faut se fixer des objectifs et se donner les moyens d’y parvenir. Si jamais ils nous lisent, j’attends un contrat de sponsoring avec Yonex (rires)…

Je suis fans de cette marque et je ne joue qu’avec ça. Ce serait un rêve de dire que je suis sponso Yonex

Quelques dates :

  • Date de naissance : 15 décembre 1996
  • 2018 : médaille de bronze en mixte au tournoi international de parabadminton à Tokyo
  • Nov 2018 : double Vice-Championne d’Europe en simple SL3 et double dame SL3/SU5
  • 2019 : Médaille de bronze en simple aux tournois => Canada et Irlande Brésil Février 2020, Bronze en simple
  • 2020 : Médaille de bronze en simple au Brésil et au tournoi international au en double dame
  • 2019 et 2020 : Championne de France en SL3

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