Quelques jours après l’annonce du report des J.O. de Tokyo en 2021, Valentin Porte, international français de handball et joueur de Montpellier, a bien voulu évoquer sa relation particulière avec les Jeux Olympiques. Entretien exclusif pour Sportricolore avec le gaucher n°28.
Quel est ton premier souvenir des Jeux Olympiques ?
Je m’en souviens très bien, c’était pour les JO de Sidney en 2000. J’avais interdiction de regarder la télé le matin avant l’école et là exceptionnellement je pouvais. J’adorais ces 20 minutes chaque matin, y avait tous les sports, je me faisais une cure, ça lançait idéalement ma journée. Et comme je n’avais pas le droit, c’était encore plus plaisant et c’est là où j’ai véritablement découvert les Jeux.
Que t’évoque cet événement planétaire si particulier ?
Pour moi qui suis sportif de haut niveau, c’est clairement l’aboutissement et le rêve de toute une vie de participer aux Jeux Olympiques. Ce n’est que tous les 4 ans, c’est rare, cela englobe tous les pays du Monde, de nombreuses disciplines, avoir la chance de le vivre, c’est le graal selon moi.
Tu as participé aux Jeux de Rio en 2016 (médaille d’argent avec la France), raconte-nous les semaines précédant la compétition ?
Je me souviens qu’on avait fait une énorme préparation digne de celle faite en club l’été avec un stage de 20 jours, notamment à la montagne. On se sentait physiquement prêts, vraiment costauds et forts et cela n’a fait que monter en intensité jusqu’au moment de prendre l’avion pour le Brésil.
C’était un plus particulier pour moi car avec la blessure de Nedim (ndlr : Remili) en début de préparation, nous, les autres gauchers, savions que nous allions partir et que pour ma part j’allais avoir un rôle important à jouer. Cela n’a fait que renforcer ma motivation qui était déjà immense.
Tu es médaillé olympique, pourtant tu parles souvent de cet épisode comme l’un des plus douloureux sportivement, pourquoi ?
C’est encore pour moi aujourd’hui une vraie déception qui ne s’est pas estompée. Dans 20-30 ans, je serai sûrement heureux de cette médaille. Pour l’heure, ce n’est pas le cas. Je nous savais tellement forts physiquement notamment dans cette finale face au Danemark. Certes, on avait pioché en demi-finale finale contre l’Allemagne et on était un peu fatigués mais même en jouant mal sur ce match on était là, présents. Quand tu es sportif, que tu disputes un événement aussi important dans une carrière, que l’équipe est prête et que tu sens que toutes les planètes sont alignées, le fait que cela ne passe pas, c’est vraiment rageant. On aurait été surclassés en finale, je l’aurai sûrement savourée différemment, il n’en reste pas moins que cette médaille a généré pas mal de frustration. C’est le compétiteur qui parle, je sais au fond de moi que beaucoup aimeraient être à ma place cependant elle revêt toujours aujourd’hui un goût d’inachevé.
Gardes-tu cependant des souvenirs joyeux de cette aventure, si oui lesquels ?
Hormis l’issue défavorable, tout était fantastique. J’ai notamment en mémoire l’entrée des délégations dans le Maracana pour la cérémonie d’ouverture, c’était complètement fou. Je regarde de temps à autre des vidéos que j’ai conservées. Le stade était plein, l’ambiance absolument dingue, cela reste un souvenir marquant.
La vie au village olympique aussi était géniale. Dix mille sportifs réunis dans un même lieu, tous ces pays, toutes ces couleurs, l’organisation, le rythme de vie, tout était parfait.
Tokyo 2020 faisait-il partie de tes objectifs majeurs ?
Pas depuis plusieurs années mais il est sûr que depuis le début de la saison, c’était dans un coin de ma tête. Je savais que c’était l’année des Jeux, la saison où il faut être présent, se montrer et prétendre à une sélection dans le groupe qui ira représenter la France. Même si la qualification n’était pas encore acquise, cela restait un objectif prioritaire.
Beaucoup de sportifs se sont exprimés sur le report, quel est ton sentiment ?
Je ne peux que rejoindre la plupart des sportifs en pensant que c’est une bonne chose. Le report d’un an est le meilleur choix plutôt qu’un report à l’automne ou pire une annulation. C’est la plus sage des décisions dans cette situation exceptionnelle qui mérite des mesures exceptionnelles.
Tu auras quasiment 34 ans en 2024, pour les Jeux Olympiques de Paris, un rêve complètement fou ou une simple utopie ?
Dans un projet de carrière, il est évident que finir sa carrière internationale sur des Jeux à Paris, ce serait fantastique. Maintenant, les années passent, je vois de plus en plus de jeunes arriver. Les saisons sont longues et éprouvantes, je ne sais pas dans quel état physique je serai dans 4 ans. Il peut encore se passer énormément de choses mais dans mes rêves, oui je m’y vois !
Valentin Porte digest :
- Né le 07/09/1990 (29 ans)
- International français handball (Montpellier HB)
- 124 sélections – 312 buts
- Palmarès : Champion d’Europe (2014), Champion du Monde (2015, 2017), vainqueur de la Ligue des Champions (2018)