Crédit photo : A. Reau/L'Equipe

Ugo Humbert – La relève du tennis masculin a un nom

Révélation française de la saison 2018 de tennis, Ugo Humbert (20 ans) s’affirme comme le principal espoir de la nouvelle vague tricolore. Un soulagement pour les amateurs de tennis français, inquiets face au manque de relève chez les hommes. 

Désormais privé de joueurs classés dans le top 20 mondial, le tennis français masculin vit des heures compliquées. Les mousquetaires sur le déclin (Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils, Richard Gasquet et Gilles Simon), Lucas Pouille incapable de confirmer sa très prometteuse année 2017, Corentin Moutet en stand-by, la lumière est venue du jeune joueur messin en 2018. 

378e mondial en début d’année, Humbert pointe dix mois plus tard au 98e rang du classement ATP. Sacrée évolution pour un joueur connu uniquement des spécialistes il y a encore peu.

 

Une formation dans l’ombre

À la différence de son compatriote Moutet dont la carrière semblait toute tracée, Humbert est longtemps resté dans l’ombre avant de décoller cette saison. 

Parti de chez lui à 12 ans, le Mosellan a suivi le cursus fédéral dans son intégralité  : quatre ans au pôle France de Poitiers, deux à l’Insep, puis le CNE.

Talentueux mais gêné par des problèmes de croissance durant sa jeunesse et son adolescence, Humbert accuse du retard sur les principaux espoirs français de sa génération dont Geoffrey Blancaneaux, vainqueur de Rolland-Garros junior en 2016.

Cédric Raynaud, son entraineur depuis quatre ans croyait pourtant beaucoup en lui, au point d’imposer au DTN de l’époque, Jean-Luc Cotard, de mettre place un projet individualisé autour de lui, sans quoi il menace de quitter son poste. 

« Je croyais beaucoup en lui, même s’il a été blessé sept mois sa deuxième année à l’INSEP. Ugo était dans l’ombre mais il a travaillé tranquillement »

Adepte d’un tennis offensif, Humbert a dû apprendre à se canaliser pour gagner en régularité et constance. Un travail sur lui-même qui a commencé à payer fin 2017.

 

Une ascension fulgurante

Classé 378e en janvier 2018, il pointe désormais au 98e rang. Deuxième français à avoir inscrit le plus de points à l’ATP en 2018, Ugo Humbert a même failli participer au Masters Next Gen, réservé aux meilleurs joueurs de 21 ans.

Pour parvenir à progresser autant au classement ATP, le gaucher de l’ASPTT Metz est d’abord passé par le circuit challenger. Très à l’aise dans la 2nd division mondiale, le jeune Français a enchainé cinq finales pour deux victoires (Ségovie et Ortisei) en sept tournois disputés.

Au Moselle Open, chez lui, Humbert se qualifie pour la première fois au 2nd tour d’un tournoi en Grand prix avant d’échouer de peu face à Nikoloz Basilashvili (21e joueur mondial).

Pour ses premiers pas en Grand Chelem, Ugo Humbert s’est extirpé des qualifications de l’US Open fin août avant d’enchainer avec sa première victoire en majeur. Malgré son élimination au 2nd tour, le longiligne français a confirmé tout son potentiel durant 3h30 contre Stanislas Wawrinka (7-6, 4-6, 6-3, 7-5), triple vainqueur en Grand Chelem.

« Contre Wawrinka, j’étais bien préparé, mais je n’avais pas pensé que le court était aussi grand »

 

Quel avenir ?

Entouré de son coach, de Cyril Brechbühl, son préparateur physique, et de l’ancien joueur gaucher Rodolphe Gilbert, Hugo Humbert va devoir confirmer tous les progrès entrevus sur le circuit principal.

Souvent comparé à Guy Forget, le gaucher sait qu’il doit encore progresser avant de pouvoir rivaliser avec les meilleurs.

« Je sais à peu près tout faire mais j’ai encore une grosse marge de progression dans tous les secteurs, y compris au niveau physique »

Le filiforme Messin (1,86 kg, 70 kg) l’assure , il est prêt à passer de l’ombre à la lumière médiatique : « Je n’ai pas encore d’agent. La notoriété ne me fait pas peur. C’est positif. » Sûre de lui et de son jeu, le jeune garçon ambitionne d’aller très loin et très haut. 

 

Une ascension rapide qui contraste avec les mauvais résultats des meilleurs joueurs français. Désormais bien installé dans le top 100 mondial, le Messin de 20 ans va devoir confirmer en 2018.