Migna Touré

ITW Migna Touré (3×3) : « C’est un sport qui va émerveiller le monde si ce n’est pas déjà le cas. »

Parmi les meilleures joueuses de basket 3×3 au monde, Migna Touré a répondu à nos questions sur cette jeune discipline au très fort potentiel et sur les ambitions de nos Bleues aux Jeux de Tokyo !

1. Tout d’abord un grand bravo pour la qualification pour les Jeux de Tokyo 2020, ça fait quoi de participer au plus grand évènement sportif au monde ?

Merci beaucoup, c’est énorme, extraordinaire vraiment ! C’est quelque chose de dingue, presque incroyable. C’est clairement un rêve, devenu objectif qui va se réaliser. Je suis animée depuis toute petite par les Jeux olympiques & paralympiques ! Peu importe le sport je regarde, je suis avec attention. C’est le Graal pour les athlètes, malgré la situation sanitaire, se préparer, travailler et se qualifier pour les JO, c’est une motivation extreme. On ne se rend pas compte à quel point c’est incroyable…

2. Peux-tu te présenter brièvement à la communauté Sportricolore ?

Je m’appelle Mamignan Touré mais on m’appelle Migna la plupart du temps ou bien Lokosso. J’ai 26 ans, j’évolue en première division de basketball en 5×5 au BLMA (Montpellier) et je suis aussi professeure d’EPS. En parallèle, je suis internationale en basket 3×3, le sport dans lequel j’excelle depuis maintenant 5 ans. Sur chaque compétition internationale, à force de travail et de rigueur, je n’ai manqué aucun rendez-vous et j’ai pu me hisser sur de nombreux podiums (Médaillée de Bronze aux Mondiaux d’Amsterdam, Double championne d’Europe et nommée meilleure joueuse en 2018 et 2020). Depuis 4 ans, je travaille sans relâche pour me qualifier aux JO avec le basket 3×3. A force de persévérance… nous avons finalement réussi ! La semaine dernière nous avons participé au Tournois de qualification olympique à Graz en Autriche et nous avons réussi à décrocher l’un des 3 tickets mis en jeu (20 équipes participantes). Donc voila je peux aussi dire que je suis une athlète « Olympian » !

3. Comment es-tu arrivée au 3×3, une discipline assez récente qui sera pour la première fois aux Jeux olympiques à Tokyo ?

J’ai commencé le 3×3 officiellement en 2015. Je dis «officiellement» parce que depuis toute petite je joue sur les playgroungs. En effet le basket 3×3 est une discipline issue de la rue, autrement dit, elle existe depuis longtemps. Ce n’est que récemment, depuis 2012 qu’elle a été institutionnalisée avec des règles bien précises. Cette même année, j’ai aussi eu la chance de tester cette pratique dans le cadre d’un entrainement au Centre Fédéral. C’était un super moment, je retiens que j’avais vraiment adhéré à ce sport qui offre beaucoup de libertés d’expression aux pratiquants.

Retour en 2015, après une année de blessure, je peux reprendre la compétition avec la fac. Je participe aux championnats de France universitaires de basket 3×3 à Poitiers. Nous finissions 3ème et surtout, je m’éclate !! Quelques semaines après je participe à l’open de France à Clermont-Ferrand avec ma grande soeur. Nous terminons à la 3ème place et je me fais repérer par les sélectionneurs. L’année d’après je rentre dans le groupe France et ce fut le début d’une grande aventure tricolore… Depuis l’annonce en juillet 2017, le basket 3×3 devient sport olympique et par la même occasion il devient un objectif de vie. Ainsi, j’ai fait le choix de m’entourer sportivement des meilleurs coachs et préparateurs physiques afin de continuer de développer mes fondamentaux et d’arriver au meilleur niveau pour atteindre cet objectif.

4. Comment vois-tu l’évolution du 3×3 à l’avenir alors que le sport est encore tout jeune ?

Le basket 3×3 est un sport d’avenir, son évolution est magnifique, «From the street to the olympics», telle est la devise. Une discipline qui est aussi universelle ; elle permet de réunir des joueurs et joueuses de tous les horizons sur un même terrain. C’est aussi un sport vecteur d’éducation, porteur de valeurs fortes. L’une des rares pratiques où la mixité est mise en avant. L’ère numérique et digitale favorise le développement de la discipline qui est accessible à tous.

C’est un sport qui va émerveiller le monde si ce n’est déjà le cas. Sa place aux prochains JO est la récompense d’une belle évolution mais aussi une place légitime. En effet je pense que les JO seront un énorme tremplin pour la discipline. Le basket proposé est de plus en plus compétitif, il attire et réunit des joueurs de plus en plus forts, autonomes et polyvalents. Je pense que d’ici quelques années, l’attrait pour le 3×3 sera tout aussi élevé que le basket 5×5.

5. Comment se passe la transition du basket traditionnel au basket 3×3 ? En quoi le jeu est-il différent ? As-tu une préférence entre le basket traditionnel et le basket 3×3 ?

La transition entre les deux est vraiment dure. Les efforts, les intensités, les charges de travail sont beaucoup plus élevées. C’est pour ces raisons que le changement de discipline demande un temps d’adaptation qui peut être réduit avec de la préparation physique en amont. De l’intermittent en 15/15, des sessions de 1×1 de la musculation, de la prévention pour préparer le corps à mieux encaisser le changement de sol et d’appuis… Tout cela favorise une meilleure transition vers une discipline ou il faut être capable de sprinter 10 minutes non stop, plusieurs fois dans la journée.

J’aime les liens qui existent entre les deux disciplines. Le 3×3 permet le développement intrinsèque d’un joueur, d’améliorer toutes les qualités offensives et défensive de ce dernier au sein d’un jeu réduit. De retour au 5×5, il suffit de réinvestir les acquis avec plus de lecture de jeu. Autrement dit, un joueur qui fait du 3×3 revient encore plus fort au basket 5×5. C’est aussi ce qui me plait dans la discipline !

6. Comment abordes-tu ces Jeux qui se dérouleront dans un climat très particulier, sans spectateurs étrangers ni proches des sportifs ?

Je suis très fière et honorée avant tout. Fière de représenter mon pays dans la plus belle compétition, honorée de faire partie des gens qui écrivent cette histoire du basket 3×3, des Jeux olympiques. C’est un privilège de pouvoir y participer tout en sachant le contexte sanitaire. Je pense aux organisateurs, aux nations, aux participants, à celles et ceux qui n’y seront pas pour des raisons sportives ou autres, je suis très reconnaissante vraiment. Avec ou sans public, cela reste un rêve, un objectif qui aura lieu grâce aux efforts de tout le monde. Je pense que ces Jeux auront une saveur particulière, où les spectateurs et proches donneront de la force derrière les écrans. Ainsi ils toucheront bien plus de monde qu’aux jeux olympiques «normaux». La terre entière vivra ses jeux olympiques via les diffusions, j’y crois vraiment.

7. Après avoir dominé le dernier TQO et les derniers championnats d’Europe, quelle sera votre ambition aux Jeux olympiques ?

Je suis une compétitrice ambitieuse, je fonctionne par objectif aussi. Je vais donner le max de moi même pour revenir fière de ces JO. Nous avons une belle équipe, nous pouvons aspirer à des objectifs de médaille. A nous de bosser pour décrocher la plus belle couleur.

8. Pour finir, peux-tu nous parler de la Lokosso Academy que tu as monté récemment ?

J’ai monté une académie de basket 3×3 pour les jeunes, prévue en juillet 2021. C’est un projet qui se veut inclusif et responsable où la pratique du basket est avant tout un prétexte pour accompagner les jeunes dans leur parcours de formation et leur offrir les outils leur permettant de se former en tant que leader ou encore porteur de projet. En lançant ma première académie de basket, je souhaite transmettre les valeurs du sport et former la prochaine génération au meilleur niveau du basket 3×3. Les thématiques du camp sont axées sur le développement personnel et l’émancipation par le sport, impulsées par une dimension éducative sociale et solidaire. La première édition de la Lokosso 3×3 Academy aura lieu du 5 au 16 Juillet 2021, dans le lieu emblématique du basket 3×3 en France, au sein de la plateforme Tremplin Sport Formation à Voiron. La fondation sera un véritable atout au niveau du développement et de communication pour faire la lumière sur la discipline et les résultats réalisés. L’idée étant de pérenniser ce projet et qu’il aie lieu tous les ans.

Hâte de suivre le parcours de nos Bleues et Migna Touré aux Jeux de Tokyo ! Pour suivre sa préparation, rendez-vous sur ses pages Instagram et Twitter.