Lancelot Proton de la Chapelle

Lancelot Proton de la Chapelle

ITW le Sport et Moi – Lancelot Proton de la Chapelle

Le très prometteur boxeur Franco/Belge (dans la catégorie -75kg – Poids Moyen), Lancelot Proton de la Chapelle, qui participait au TQO de Londres (Tournoi Qualificatif Olympique), en Mars dernier, avant l’arrêt en raison du coronavirus, nous fait le plaisir de répondre à l’Interview, « le Sport et Moi » de Sportricolore.

  1. Pour commencer, pourrais-tu te présenter brièvement ? 

Lancelot Proton de la Chapelle, j’ai 21 ans, je suis boxeur pour l’équipe Nationale olympique Belge. J’ai été double Champion de France cadet et Champion de France Junior.

  1. Pourquoi avoir choisi ce sport et pas un autre ? 

De base, je ne l’ai pas choisi, j’ai commencé par le foot et la boxe en même temps à 7 ans. Petit j’étais très turbulent et bagarreur alors mon père a cherché un sport où je pouvais me défouler et il m’a mis à la boxe. Il faut bien le dire, j’étais un enfant « pénible » pour mes parents.

Au début, je n’avais pas vraiment envie d’y aller mais j’y ai pris goût rapidement et finalement ça me correspondait plutôt bien. 

Ça a été un effort d’y aller au début, jusqu’au moment où je me suis rendu compte que je progressais et il y a eu comme un déclic quand je suis devenu champion de Normandie. Je prenais de plus en plus de plaisir grâce aux qualités que j’y développais.

  1. Justement, si tu avais dû choisir un autre sport, ce serait lequel ?

Ce serait le foot même si j’aimais beaucoup le tennis que j’ai un peu pratiqué aussi. J’avais un bon niveau au tennis, c’est un sport qui me plaisait vraiment et c’est par la suite que la boxe est devenue une passion. 

  1. Quel est ton premier souvenir de sport ? 

C’était au foot lors de mon 1er match, j’ai joué n’importe comment. Ma mère avait honte, je faisais n’importe quoi sur le terrain. Je jouais très personnel, sans faire de passes mais j’avais marqué 2 buts. J’avais déjà l’état d’esprit pour faire un sport individuel.

Je garde également beaucoup de bons souvenirs à regarder les combats de Mohammed Ali avec mon père. C’est un passionné de boxe, il en a fait un peu mais il faut l’avouer, il n’était pas très doué. Il m’appelait à chaque fois pour regarder la rediffusion des combats à la télé. Mon père connaissait mon entraineur d’aujourd’hui, c’est aussi un des éléments qui m’a amené à la boxe.

Je suis un boxeur qui aime regarder les gros combats et les grosses affiches quelle que soit la catégorie. Le dernier combat que j’ai regardé c’est Tyson Fury contre Deontay Wilder. La boxe est en train de revenir à la télévision donc c’est plutôt encourageant.

  1. Quels sont tes meilleurs et pires souvenirs liés à ta carrière sportive ? 

J’ai déjà beaucoup de souvenirs mais le meilleur ou plutôt les meilleurs ce sont les titres de Champion de France. Si vraiment je devais en mettre un avant les autres ce serait la 1ère fois que je deviens Champion de France amateur, j’avais 14 ans.

Au départ, je ne devais pas y participer car je n’avais pas disputé assez de combats. J’ai fait plusieurs combats et le DTN Normand Kevin Rabaud a vu que j’en avais assez mais que je n’étais pas dans la liste, il a fait le maximum pour que je puisse être inscrit. Je ne devais pas les faire et je remporte le titre en battant les favoris, ça rend l’histoire plus belle et le titre plus beau. En plus, j’avais vraiment bien géré avec des victoires sans discussion, c’était vraiment sympa.

Mon pire souvenir, c’est lorsque je perds un combat en moins de 60 Kilos à 16 ans. J’avais dû perdre 5 kilos pour pouvoir être au poids exigé. J’étais grand et fin, donc j’ai très vite perdu le combat, et je n’avais plus rien dans les gants. Cette défaite m’a mis un gros coup au moral car à ce moment-là, je n’avais perdu qu’un seul combat. À 16 ans, c’est un âge charnière, c’est là que l’on voit ceux qui continuent et ceux qui arrêtent car il y a des sollicitations extérieures comme les filles ou les soirées. Finalement, je me suis posé quelques temps pour faire le point et je me suis remis en selle. L’année suivante, j’ai passé 2 catégories pour aller en moins de 69 Kg.

Aujourd’hui je gère bien mon poids. J’ai un ami qui est en moins de 63 kg, pour lui c’est vraiment dur de se maintenir pour la catégorie.

  1. Si tu devais être un/e autre sportif/ve sportif tricolore, qui choisirais-tu et pourquoi ? 

J’aimerais bien être Teddy Riner, pour moi, car c’est le plus grand Champion Français. C’est un guerrier, et il a un mental énorme et un physique incroyable. En plus, ça à l’air d’être quelqu’un de vraiment bien humainement.

  1. Justement, plus jeune, qui était ton idole, ton exemple ?  

Mon idole c’était et c’est toujours Mohamed Ali. Quand j’étais petit, je boxais comme lui, je baissais mes mains comme pour provoquer. Ce n’était pas le plus grand champion mais c’était un personnage charismatique et c’est lui qui a relancé la boxe. 

Encore aujourd’hui, ça m’arrive de regarder ses combats, il était tellement beau à regarder, ça reste un grand nom qui va au-delà du sport.

Ma boxe actuelle ne s’inspire pas de lui, éventuellement des inspirations sur ses déplacements mais Il était bien plus danseuse que je ne peux l’être. 

J’ai plutôt un profil qui s’adapte au boxeur d’en face, j’aime bien boxer contre des tacticiens pour les travailler sur la vitesse et le coup d’œil.

  1. De quel/le sportif/ve tricolore es-tu le plus proche ? Une anecdote sur lui ?

Il y en a tellement mais il y en a un avec qui je suis souvent parti pour différentes compétitions, c’est Kinsley Prestot qui est devenu boxeur professionnel. Nous avons fait beaucoup de tournois et de galas ensemble.

Un jour nous étions en gala au Havre où nous devions boxer contre l’équipe belge. Au final nous n’avons pas boxé, nous sommes donc restés spectateurs durant toute la soirée. À un moment, il a piqué mon téléphone et s’est enfermé dans les toilettes pour envoyer des messages à toutes les filles de mon répertoire.

  1. Par équité, peux-tu nous livrer une anecdote personnelle, méconnue du grand public ?

De mon côté, j’ai une grosse phobie de l’océan. Quand j’étais petit, nous étions en Afrique du Sud avec mes parents, j’ai failli me noyer. J’ai enlevé mes bouées puis j’ai sauté dans l’eau en oubliant que je ne les avais plus. J’étais en train de couler à pic, mais heureusement pour moi, un ami de mes parents est venu me secourir. Encore aujourd’hui, dès que je n’ai pas pied en mer je suis en panique. 

  1. Pour finir, que pouvons-nous te souhaiter pour l’avenir ? 

Vous pouvez bien évidemment me souhaiter une bonne santé ainsi que pour mes proches.

Très important aussi, c’est que les JO ne soient pas annulés et que je me qualifie avec beaucoup de belles victoires.

En attendant, je m’entraine en Normandie, après avoir coupé un mois en rentrant du TQO de Londres. Là, ça fait 4 semaines que j’ai repris la musculation et les courses, et je ne peux que m’entretenir, il n’y a que ça à faire, mais heureusement, j’ai les clés de ma salle alors je peux y aller seul pour travailler.

A l’heure du déconfinement, la 1ère chose que je vais faire c’est de profiter un peu, me faire un bon restaurant et voir mes amis pour changer les idées avant de reprendre les choses sérieuses. 

  • Question bonus : Quel est pour toi le meilleur boxeur de l’histoire ?

Je vais dire 2 boxeurs avec des qualités différentes : Tyson Fury ou Floyd Mayweather.

Tyson Fury, parce qu’il m’a vraiment impressionné par son retour. Lorsque tu es drogué, alcoolique, que tu perds 60 Kilos et qu’après ça tu fais un match nul contre le Champion du Monde, il faut être vraiment très fort. Surtout que lors du match nul, Fury domine Wylder. C’était vraiment impressionnant et finalement il a réussi à le battre. Tyson Fury c’est pour moi, l’un des meilleurs boxeurs de tous les temps. Il avait déjà mis fin au règne Wladimir Klitschko, en le ridiculisant et en lui faisant péter les plombs, mais perdre 60 kg et revenir de l’enfer, personne n’a jamais réussi à faire ça. Même Mohamed Ali a eu du mal à revenir après la prison.

Floyd Mayweather, c’est différent, il a battu tout le monde et c’était un fin tacticien. Il a battu les anciens quand il est arrivé et ensuite il a battu les jeunes qui arrivaient. À son tableau de chasse on peut citer, Canelo Álvarez, Oscar de la Hoya ou encore Manny Pacquiao. Je le trouve magnifique au niveau du coup d’œil, des remises et des contres. Très intelligent, même en difficulté, il trouve toujours la solution.

Pour conclure, j’aimerais aussi avoir une pensée pour tous ces sportifs qui ont patienté avec beaucoup de courage. En ce moment, cette période est difficile à traverser pour tout le monde mais personne ne doit baisser les bras et il faut garder espoir pour y arriver.